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  • Photo du rédacteurJade Above

Cela peut sembler anodin, mais tout semble avoir commencé avec une tache de café.


J'avais prédit son avènement, alors qu'au moment où j'avais commandé celui-ci, j'avais constaté un trop plein; un verre rempli à son comble. Ma pensée était claire: «Demande au barista de vider cet excédent» , puisque celle-ci avait immédiatement était perçue par mon cerveau comme une menace potentielle. L'excès m'a trop tenté. Alors, je me tus.


Et puis, l'incident arriva coin St-Joseph et De La Roche. Heure du crime: 11h28, heure de l'Est. Je ne l'ai pas remarqué de prime abord. Il m'a fallu quelques minutes à constater le regard des autres. Celui qui vous analyse et qui tente de vous comprendre; peut-être par précaution ou suivant un jugement. «Pourquoi est-ce qu'il a une grosse tache brune sur son manteau?»


La ponctuation et le ton étaient claires dans leurs yeux. Ironiquement, la tache ressemblait énormément à un point-virgule; comme si elle avait tant à dire, qu'elle voulait rajouter quelque chose. Elle me rappela que j'avais accumulé des mots, des pensées, des regrets mais aussi des espoirs. Que trop souvent, je me suis tu, renfermé et étouffé. Que j'ai ponctué mes phrases de suspense et de point, afin de satisfaire mes insécurités, mes épisodes de dépression et le confort d'autrui.


J'avais choisi de me taire en croyant qu'en silence, je n'aurais plus de mots pour expliquer mes souffrances et que par conséquent, elles s'estomperaient à leurs tours. Puis, c'est comme si la lumière fût de nouveau. Que l'acceptation des maux devenait une symphonie et que chacune des notes enlaçaient les suspens. Que la noirceur du café m'a permis de retrouver mes couleurs, périodiquement, sans nécessairement bien aller. Que les mots se sont finalement précipités hors de leurs bocaux et que la magie s'opérait de nouveau dans mon cerveau.


Comme quoi, ce test rappelant Rorschach était révélateur de par mon envie de m'exprimer, après avoir été tu, toute mon enfance et mon adolescence et après avoir fait ce choix à contre-courant dans ma jeune vingtaine. J'avais choisi la facilité trop longtemps, pour devenir un champion de l'analyse, des intentions et de la nuance. Tout cela pour contrôler ce que les autres percevaient de ma personne, alors que ma réelle beauté se trouvait dans cette vérité atroce; celle que je montre qu'à une infime poignée d'individus et que mon persona de Jade était incapable de traduire. Cette chaleur humaine que je souhaite à tous. Cet amour humain qui nous préserve et qui dans la noirceur, fait jaillir des étincelles. Cette définition de Jade, je l'agrandis. Je vais au-dessus. Je la complexifie et je la nuance, désormais, au-delà de la théorie du chaos auquel j'avais souscrit pendant longtemps.


Soyez prévenu des répercussions indélébiles d'une tache de café et des points-virgules.


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